Les trois textes suivants ont été écrits durant une formation
sur l'écrit, dans le cadre d'une formation après concours (Assistant
du patrimoine, pour ceux qui connaissent). c'est une formation de cadre. C'est
marrant ce que l'on fait en formation de cadre ;-)).
Ce texte est basé sur le début d'un texte de Baudelaire, que
voici " J'ai assis la beauté sur mes genoux et je l'ai trouvée
laide ".
J'ai assis la beauté sur mes genoux et je l'ai trouvée laide.
Ses doux yeux étaient lac de haine, sa bouche parfaite une blessure
de dédain, ses cheveux bien rangés la mort de son âme.
La courbe régulière des épaules faisait ressortir sa
trop grande force, son torse dressé était un appel au combat.
Je sentais l'abandon de ses cuisses qui s'ouvraient tel un piège. Ma
main sur son dos sans défaut ne ressentait que sécheresse. Alors
je compris que ce qui était beauté pour mes yeux n'était
qu'une illusion pour mon esprit. Et que si elle ne descendait pas de mes genoux,
je ne pourrais pas, malgré tout, lui résister.
Le texte suivant était à partir d'un exercice. Nous avons pris
des mots qui nous passaient par la tête et qu'il fallait mettre dans une
histoire
Les mots : fatigue, lit, pipistrelle, saperlipopette, gloubiboulga, festin,
entier, grisgrisgredinmenufretin, montre, ascenseur, perlimpinpin, salade, faim,
citrouille, fée, obsolète, échafaud.
La pipistrelle, de fatigue, s'accroche, au montant d'un échafaud.
Le corps qui y est pendu n'est plus entier, les corbeaux, comme d'habitude
morts de faim, n'ont pas raté le festin. Saperlipopette, comme lit,
je pourrais faire mieux, se dit-elle. Aussitôt, surgissant de la tête
de citrouille de l'épouvantail voisin, une fée se pose à
ses côtés. "Peut-être que j'ai quelque chose pour
toi ! mais il faut faire vite" , dit-elle, en regardant sa minuscule
montre. "Pourquoi pas" dit la chauve-souris. Passer la nuit près
de cet humain réduit à l'état de gloubiboulga ne la passionne
pas. La fée cherche dans ses formules magiques et lance de sa petite
voix " grisgrisgredinmenufretin " et les voici transportés
d'une poignée de poudre de perlimpinpin en haut de la cage d'un ascenseur.
L'abri n'est pas désagréable, la fée ne m'a pas raconté
de salade. Mais y dormir, nenni !. Il y a trop de bruit. Devant ces récriminations,
la fée, boudeuse, répond que sa proposition devient obsolète.
Et dans l'instant, la petite chauve-souris, en haut de son gibet, se retrouve
seulette.
Et maintenant, un conte que l'on a fait à quatre stagiaires. Pour ce
texte, je ne dis pas qu'il est sans prétention, car il a donné
lieux à beaucoup d'efforts, je ne parle pas pour mes trois collègues.
Mais je crois qu'elles et il seraient d'accord.
En ce temps-là, les animaux étaient doués de parole.
Jojo le crapaud laid était conteur de son état.
On venait de tout le pays pour écouter ses conteries.
Un soir, au milieu de l'assemblée
Betty la rainette lui demande :
" De toutes les contrées que tu as traversées pour collecter
tes récits,
n'as-tu point de nouvelles des princes charmants ?
Cela fait si longtemps que j'attends".
Jojo le crapaud réfléchit un instant,
et lui dit un endroit où trouver son charmant.
Sans plus attendre, Betty se met en chemin,
bondissant de nénuphar en lupin.
Elle arrive à la route.
Un premier bond l'amène au milieu,
La roue d'un camion lui interdit le second.
Voilà pourquoi, à trop vouloir croire aux contes de fée,
on finit écrasé !
Toujours un texte écrit pendant cette formation.
Le crayon mémoire
Un jour, un instant, un crayon m'a percuté au coin d'un
livre. Il m'a dit "Hé, trois fois que tu l'lis l'bouquin!"."Ha
bon" que je lui réponds. "C'est embêtant, que de temps
perdu...que faire ?""Eh bien, je suis libre en ce moment. Utilise-moi;
Ecris le titre, l'auteur sur mes amies les feuilles de papier et nous te rappellerons
ce que tu oublies". Depuis, mes poches sont toujours pleines de crayons,
de leurs cousins stylos, et de leurs amies les feuilles, qui de blanches deviennent
griffonnées de mes souvenirs.